L'avenir du Bouvier

Article de MICHEL THOREL
mise à jour : 23.04.2004

Je suis très jeune dans le bouvier : 3 années d'étude, d'enquêtes approfondies et 2 ans de pratiques intensives. Mais amoureux depuis ma tendre enfance, je fus impressionné par une iconographie dans le livre de dressage du chien de garde et de défense de RUSTICA édité en 1945. Gamin, je l'ai peint, dessiné à l'encre de chine et redessiné combien de fois ce superbe animal à l'allure inoubliable.

Vieux en cynophilie, puisque j'ai pratiqué le sport canin, d'abord sur un Groenendael puis sur un Beauceron et enfin sur 17 Malinois.
Heureux compétiteur en sélectifs successifs puis au championnat de France en 1974. Bien sûr ce n'était pas le dressage moderne d'aujourd'hui avec les nombreux professionnels comme rivaux, c'était le dressage à l'ancienne avec une activité professionnelle industrielle ou commerciale qui laissait seulement les week-ends à l'amateur pour faire plaisir au chien et au maître.

Je n'ai pas l'intention de donner aucune leçon à qui que ce soit sur l'élevage, les lignées, la médecine vétérinaire, mais seulement de pousser un cri d'alarme : le Bouvier des Flandres est en danger.
Pourquoi ? Parce que dans un temps très rapproché pour un futur amateur, un novice, sans sa coupe d'oreilles et de queue, il va devoir se différencier du Briard, du Schnauzer géant et du Terrier russe.


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Alors comment orienter nos futurs amateurs sinon par le caractère exceptionnel de notre chien préféré.
D'autre part, nous devons tenir compte des recommandations du Directeur des Relations Institutionnelles, Monsieur André VARLET, sur ces rappels des buts de sélection (voir "sans Laisse Info N°168.2 du 11.02.04 " ) Nous y reviendrons car je suis totalement en accord avec ce texte.
Mais comment différencier le Bouvier des Flandres des races citées ? Tout simplement en créant un label spécial en plus des sélections actuelles et titrées déjà obtenues. Cela pourrait être souche garantie : caractère exceptionnel par exemple…

En effectuant une super sélection caractérielle des reproducteurs et reproductrices et en contrôlant leurs productions (il y aura toujours un léger déchet mais lui ne recevra pas bien sûr ce label).

Sans bousculer ce qui existe aujourd'hui et qui a été difficilement mis en place par les passionnés du bon Bouvier, nous devons retrouver les vrais caractéristiques du sage hardi, à l'équilibre exceptionnel, indifférent à la foule, au bruit, au contact humain et recherchant la présence des enfants qu'il affectionne particulièrement.

Se sera la tâche, encore une en plus, bien sûr, pour les responsables, les vrais passionnés très qualifiés qui devront choisir.
A travers ces changements morphologiques seuls survivront les chiens de famille que l'ont peut sortir dans tous les lieux fréquentés, en toute sécurité.

La plupart des chiens, aujourd'hui, passent les tests plus ou moins préparés, plus ou moins maquillés psychologiquement. Ce super test ne permettrait pas de masquer le vrai fond psychologique du chien. Les candidats volontaires devraient se présenter en groupe, puis conduits dans des lieux tenus secrets (ceci à l'occasion d'une spéciale d'élevage, bien sûr). Les lieux des tests seraient fêtes foraines, halls de grandes surfaces qui acceptent les chiens, proximité de stade de foot et la nuit fréquentation d'une gare SNCF en activité. Contacts avec des sportifs gesticulant et s'exprimant bruyamment. La liste n'est pas exhaustive.

A ce propos de contact une petite parenthèse : je fus très surpris en emmenant ma petite chienne de 3 mois dans les halls de grandes surfaces, les entrepôts, les gares, les magasins, de ne rencontrer sur des centaines de personnes qu'une seule qui connaisse le Bouvier ; certaines la prenant pour un ours, au grand plaisir des enfants qui viennent la caresser et qu'elle débarbouillait. Nous nous devons de sortir nos jeunes chiens pour les faire connaître et pour leur plus grand bien mental. A la base de la race, il faut considérer en premier le chien pour tous. Pas seulement le sujet type mannequin que l'on cherche à négocier le plus cher possible, ni le chien de compétition issu de sujet taré que certain croit les meilleurs car les vrais chiens de compétition, les "vrais toileux" sont issus de chiens très sages, hardis et avant tout sportifs. Nos meilleurs chiens compétiteurs sont hyper sociables avec l'humain tels : Tulasne, Yahno, Loby, Paco, Brasil, Malko, Ramon, Rooster et des tas d'autres encore…

Il faut que le Bouvier redevienne, pour qu'il puisse se différencier de toutes les autres races ressemblantes, un chien hyper sociable, utile à la famille qu'il protège, et un animal qui doit pouvoir assister à une sortie d'école joyeux, impassible dans une gare avec des trains en circulation, indifférent dans un marché où il doit évoluer comme chez lui.

Prenons de l'avance, si nous ne comprenons pas cela dès maintenant, l'Europe un jour va nous l'imposer. La sélection doit se faire grâce aux propriétaires de ce chien qui existe aujourd'hui et qu'il suffit de mettre à l'honneur, les citant dans les médias, les revues spécialisées, sur Internet, dans des films de démonstration de sociabilité, à l'examen des Expositions de beauté, en multipliant les contacts manuels pour bien montrer le calme du chien.
Certains éleveurs se sont fourvoyés dans l'erreur sans s'en rendre compte et fournissent aux amateurs novices des sujets que les propriétaires essaient avec beaucoup de difficultés d'améliorer ; ceci dans un prochain avenir ne devrait plus exister. On voit dans les clubs de dressage d'excellents sujets venir pour être éduqué mais, par contre, il est inadmissible d'entendre certaines personnes vous dire "oh, il ne faut pas y toucher il va vous mordre ! " ou bien "il a été martyrisé, il est très dangereux". Ces chiens sont en bout de laisse et montrent les dents ou bien se jettent dans votre direction les yeux exorbités.

Ces chiens, issu le plus souvent, (d'un croisement entre du beau et du bon) ; c'est à dire d'un CAC et même d'un CACIB et d'un chien dangereux qui mord méchamment. Ces mélanges "beau et bon", issu des fantasmes d'ignorants ne connaissant pas les vrais lois de la génétique auxquelles s'ajoute le facteur chance dans ces accouplements hétéroclites, donnent des sujets qui discréditent la race Bouvier des Flandres.

J'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui ont repris un chien qu'ils doivent maquiller et travailler énormément pour quelques résultats ; cela est très instructif ; je sais de quoi je parle car j'ai moi-même travailler en douceur et finesse un malinois qui était dangereux et peureux en dehors du ring, mais il faisait très souvent premier en classe 2, frisant les 300 points à l'époque où les 3ème classe n'existaient pas.

On s'attache au chien qui vous tombe dans les bras et c'est tout à l'honneur de son acquéreur, mais ce type de chien ne doit absolument pas se reproduire et pour sauver la race, il faut instituer une autorisation de reproduction d'un comité du club.
Ces chiens en seront exclus mais cela n'empêchera pas de vivre des jours heureux à coté de leur propriétaire en attendant que ceux-ci aient compris que le prochain leur permettra de sauver la race par un choix différent d'origine.
Je sais que ces quelques réflexions susciteront des critiques mais cela dépendra bien sûr dans quelle catégorie nous nous trouverons : ou bien dans celle des amoureux du vrai Bouvier des Flandres ou dans les autres !…

MICHEL THOREL

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Légende des photos : 1 Bouvier des flandres- 2 Briard - 3 Schnauzer - 4 Terrier Russe.